ENLÈVEMENTS SANS SÉRAIL NI SOMMATION
N°22
ENLÈVEMENTS SANS SÉRAIL NI SOMMATION
by Henri KALA-LOBÈ
Alors que la Bande de Gaza connaît une
montée en violence incroyable, mais vraie, sans pour autant être assuré de voir
le bout du tunnel dans cet interminable et insoutenable conflit territorial
palestino-israélien, le Nigéria-surtout- et
le Cameroun sont en proie á l´emprise d´une
insaisissable cellule terroriste d´un genre nouveau. “A
meu trembleu ! A meu panikeu !“.
Nigéria-Cameroun, deux grands pays de
football, plusieurs fois vainqueurs et finalistes de la CAN, dont les défenses
–nationales et sécurités publiques- sont devenues des passoires, tant un
mystérieux adversaire les perfore si aisément ! Le Lion n´est plus le roi
de la jungle, l´Aigle le roi des airs ! “O
shame ô“ !
Le plus drôle –enfin-, c´est que ces
deux nations de culture nègre, qui ont plus de 1200km de frontières en
commun, de l’océan Atlantique au lac Tchad,
viennent de régler un différend frontalier, á la Cour Internationale de Justice
(CIJ), se retrouvent de nouveau réunis sur les scènes du terrorisme urbain.
L’affaire de la presqu’île de Bakassy (une
histoire de pétrole, beaucoup de pétrole, où toute une famille princière se fit
zigouiller, sana autre formalité), occupée par les Nigérians, après un long
statu quo militaire, restera camerounaise, au nom du sacro saint principe, en
Droit International Public, de l´intangibilité des
frontières, fussent-elles coloniales.
UN LOURD PASSÉ, UN LOURD PASSIF
Il est vrai que par le passé (depuis
avant la1èreGM), des hordes de bandits de la Nigéria (comme on disait alors)
venaient commettre leurs forfaits et méfaits, au Cameroun, le plus souvent par
voie maritime. A telle enseigne que la ville côtière de Limbé, avait été prise en hold-up-braquage-otage, il y a quelques
années, en plein midi, par une de ces hordes armées des pieds á la tête, qui
dévalisa tranquillement toutes les banques du centre ville, sans rencontrer la
moindre opposition, ni la moindre résistance. Après ensuite, il est vrai que le
–seul- pont sur le Wouri, á Douala,
fut bloqué toute une nuit jusqu´á l´aube, afin de piller tout le quartier de Bonabéri
et ses banques, cela fut le fait de bandits Camerounais voulant profiter du
préjugé anti-nigérian.
NIGERIA et BIAFRA
Il est vrai aussi que le Nigéria a
connu, par le passé toujours, des mouvements sécessionnistes. Du 6 juillet 1967
au 15 janvier 1970, c´est la guerre du Biafra,
région d´origine des Ibo, et la sécession du colonel Ojukwu. Le blocus terrestre et maritime du
Biafra par l´armée régulière gouvernementale, du général putchiste Yakubu Gowon provoquera une effroyable famine, qui
fera entre un et deux millions de morts, des civils surtout. Et beaucoup
d´enfant. Médecins Sans Frontières sera
créé, en 1971, suite á cette famine génocidaire. L´enjeu du Biafra ? Le
pétrole, dont la région regorge abondamment.
MARWA et le MAITATSINE
Au milieu des 70´, ce sera au tour de
la secte du prédicateur-prêtre camerounais, Marwa,
parti de Maroua, Cameroun, pour s´installer á Kano, au Nigéria, où la secte
– qui prône le Maitatsine- prendra son essor et aura une dimension telle, qu´en
1980 que Marwa –qui avait défié le Pape Jean Paul II,
tant ses pouvoirs mystiques étaient immenses- sera abattu par la police, lors
d´affrontements armés. C´est là qu´il faut rechercher les origines de ce groupe
terroriste dont le nom signifie : “l´éducation
occidentale est péché“.
Les exactions de cette cellule terroriste se
chiffrent á plus de 10 000 morts, sur ces cinq dernières années !!! Et
l´emploi de femmes, des gamines, est de plus en plus fréquent en des attentats
suicides spectaculaires, comme les quatre derniers, en une semaine, sur le
campus de Kano, la deuxième ville du Nigéria.
219 des lycéennes enlevées á Chibok, sont toujours portées disparues, et sont
menacées d´être vendues comme esclaves par leurs ravisseurs. Ce n´est pas chez
elles qu´on risquera de trouver quelque velléité du syndrome de Stockholm. Sans
oublier les morts du Nord Cameroun, á Hile-Halifa,
et á Kolofata
oú le sultan (lamido) a été enlevé, ainsi que
l´épouse d´un des caciques du régime camerounais, Amadou Ali.
Certes les présidents du Nigéria et du Cameroun, Goodluck Jonathan et Paul
Biya, auront l´occasion de traiter ce dossier des plus brûlants, avec le
président américain Barak Obama, lors du 1er
sommet USA-Afrique, qui se tient depuis
dimanche 3 Août, á Washington. Déjà reçu á l´Elysée, par le président François Hollande, avec d´autres présidents africains
(Tchad et autres), quelle ne fut la surprise des téléspectateurs qui suivaient
ce direct depuis l´Élysée de voir ledit direct s´arrêter á la seule allocution
du président français, sur les chaînes françaises. La suite ? Sur les
chaînes africaines du bouquet numérique…
OÙ EST PASSÉ LE BON SAMARITAIN ?
Il est vrai qu´il y a de tout, au
Nigéria ! Des présidents (un seul), qui partent avec l´équivalent de la
recette annuelle du pétrole, le Nigéria est membre de l´OPEP. Ce président sera
placardé par Fela Kutti, dans le fameux “Head of state´s coffin“. Au président qui déménage la capitale,
de Lagos
á Abuja, estimant que sa sécurité était en pointillé millimétré, á
Lagos, Shéhu Shagari.
Il est vrai aussi que le Nigéria a son
prix
Nobel de Littérature, en la personne de Wole
Soyinka. Que l´antique royaume d´Ifé généralisa l´usage de la technique de la cire perdue. Que le Nigéria actuel,
première puissance économique africaine, avec des milliardaires en dollars
classés par Forbes, ce colosse aux pieds d´argile, produit aussi de l´uranium
enrichi. Mais là, rien ne va plus ! En deux temps trois mouvements, ce
groupe dangereusement armé, dit de “l´éducation occidentale est péché“, a
sérieusement semé la pagaille, en dévoilant au grand jour les carences et
lacunes du sous-développement en matière non plus de répression des populations
locales, mais de leurs sécurité et protection.
Comment fait-on pour enlever plus de
300 jeunes filles, dans leur internat, au nord du Nigéria ? C´est quand
même visible non ? Comment fait-on pour enlever un lamido (sultan), au
Nord Cameroun ? C´est comme si on vous disait qu´on avait enlevé l´archi bishop de Westminster Abbey…Alors que le Grand
Nord (ou Extrême Nord), du Cameroun, désertique, et plat “comme ce plat pays
qui est le mien“, bien connu pour ses embouteillages, une voiture roulant en
cinq jours, á telle enseigne que les gars jouent même au damier sur ladite
route… Sont-ce là, ma ronce, l´œuvre de quelques magiciens-hypnotiseurs ?
Alors qu´on nous abreuve de films et de séries où l´on retrouve par satellite,
la plaque minéralogique d´une voiture, en plein embouteillage sur le pont de Brooklyn.
Où l´on contrôle, depuis le satellite, le reboisement de la forêt
équatoriale, pour tenter d´enrayer la désertification ! Et j´en passe. En
l´espèce, on fait chou blanc ! Et on nous parle de drones, plus que
furtifs, qui vont partout et voient tout ! Et même les méthodes
traditionnelles, dites de magie noire par d´aucuns et de parapsychologie
par d´autres, n´y peuvent rien.
Quels sont donc ces serpents qui sifflent
sur nos têtes ainsi ? Á qui profitent ces enlèvements, ces morts ?
Qui finance ce groupe terroriste, qui a des moyens, de la logistique, mais pas
d´idéologie, si ce n´est la terreur ? Qui sont ces gens qui profitent des
carences et lacunes du sous développement, pour faire autant de mal á l’Afrique
et la font autant saigner dans sa chair ?