dimanche 12 avril 2015

DÉMOCRATIE ou MÉDIOCRITÉ


N°31

                             DÉMOCRATIE ou MÉDIOCRITÉ

by Henri KALA-LOBÈ


Dire d´une élection présidentielle africaine qu´elle s´est démocratiquement bien déroulée –le président sortant acceptant cordialement sa sortie- est d´un –néo-colonialisme mamadouisme des moins précieux et précis. Ce n´est pas sérieux. Ainsi quand Abdoulaye Wade céda sa place, d´aucuns vantèrent l´exemplarité du modèle sénégalais quant au respect de la démocratie. (Malgré –officiellement- une petite dizaine de morts, au 1er tour).

Mais lá lá, ce  qui vient de se passer dans la plus grande nation de culture nègre au monde, je veux parler du Nigeria, serait-ce du Fouta-Djalon ou du Fouta-Toro, pour du foutage-de-gueule ? Non seulement le Muhammadu Buhari a déjà été président (de la Commission militaire suprême, de 1983 á1985), mais en plus c´est un militaire ! Pourquoi du Fouta-Djalon et/ou du Fouta-Toro ? Mais d´abord, en quoi serait-ce du mamadouisme –néocolonial ? Du simple fait que ledit satisfecit soit donné, lauriers des Damnés de la Terre, par les mêmes puissances génocidaires de la Traite des Traitres.
 
 
Pourtant, tout avait « bien » commencé sous les auspices propices au haut mobile de Mission Humaine de Civilisation, devenu politiquement incorrect et désuet –comme le menuet- pour celui, plus contemporain et Arts déco, du respect de la Démocratie et des Droits de l´Homme, croque dans une autre pomme !
Pourquoi ces thuriféraires du respect de la Démocratie, déesse en vogue depuis Tien´anmen, furent-ils moins sensés á encenser ladite Déesse et ses anges gardiens - les Droits de l´Homme- quand tout n´était que dictature unique et qu´il pleuvait des cordes de coups durs et autres tortures sur les héros et hérauts de la Liberté ? Motus et bouche cousue…



                                               Wole SOYINKA, prix Nobel de Littérature


MILITAIRE OU CIVIL   

Un semblant de si bas débat avait été amorcé, un temps, s´agissant de la gestion des affaires courantes et autres du pays. Efficacité de la brutale rigueur disciplinaire militaire, pour cadrer ces grands enfants rieurs et insouciants que sont les Africains ? Ou utopies marxiste ou mercantile, lénifiante ou léniniste, de vils civils ? Mais voilà ! La chair est faible ; et succulente… Ce fut la plongée dans l´underbelt politic, qui accéléra la ruine de l´Afrique.

Il est difficile, á de rares exceptions près -telle Jerry Rawlings- de dire des militaires qu´ils sont la panacée pour prendre son panard sans panaris (á Paris hé hé) au développement et á la démocratie, tant les exactions des grands gâteurs de boum que sont les Macias N´Guéma, Idi Amin Dada, Bokassa 1er, Mobutu, Eyadéma et d´autres encore, souillèrent l´Afrique des plus viles immondices de la prostitution –morale et mentale, physique et vénale- la plus abjecte et de la corruption la plus repoussante et dégradante !

Dans ces 60´et 70´, il était politiquement incorrect de parler de Démocratie et de Droits de l´Homme en Afrique. Trop subversif et gauchiste !
S´agissant du Nigéria, il y eut quand même de graves dérapages et dégommages de la part de certains militaires.


                                                     Funmilayo Ransome KUTI, mère de Fela

La mort –par défenestration- de la mère de Fela, Première Femme Syndicaliste Africaine, âgée de 78 ans, en 1976, quand l´armée rasa son fief -Kalakuta Republic- suite á la sortie de son lp « Zombie », antimilitariste á souhait. C´était la période de gouvernement militaire fédéral du Nigéria (1966-1979), avec des phénomènes comme les Gowon (9 ans chef du gouvernement militaire, aux heures  glorieuses des mannes magnifiques  de l´Or Noir, de 1966 á 1975) ou Obasanjo, le dernier des 4, connu pour sa gestion corrompue et calamiteuse du 2ème Festival Mondial des Arts Nègres, á Lagos, en 1977.

Ou la condamnation á mort par contumace de Wolè Soyinka, Prix Nobel de Littérature, 1986 (1er auteur africain et noir á recevoir ce Nobel), par le général Sani Abacha, alors  président. Ce qui lui couta 4 années d´exil forcé, de 1994 á 1998. Wole Soyinka avait déjà fait deux ans de prison (1967-1969), lors de la guerre du Biafra.


AFRIQUE & PRÉSIDENCE

Il est rare de remarquer les nouvelles opportunités que nos mamadouistes néocoloniaux offrirent á la fonction présidentielle. De président á vie, á président fils de président, au retour d´un ex-président vous n´avez que l´embarras du choix démocratique.

LE RETOUR d´un EX-PRÈSIDENT ?

Nous avons tous applaudi et apprécié « le Retour du Roi », Aragorn, dans « le Seigneur des Anneaux ». Mais quel gage de bonne gouvernance un ex-président peut-il apporter de nouveau, après avoir fait fi de ses talents quand il était au pouvoir ? En quoi est-ce hautement démocratique ? Ce ne sera que le deuxième retour d´un ex-président, au Nigéria. Avant Buhari, Olusegun Obasanjo, prési de février 1976 á octobre 1979, revint au pouvoir, de mai 1999 á mai 2007. Depuis, il n´ a de cesse d´intriguer, passant d´une alliance á une autre á l´approche des présidentielles, contribuant ainsi á faire balancer « son » pays de Charybde en Scylla.

  TOGO OR NOT TOGO ?

Quant aux fils de président devenu prési´comme papa, tout baigne !
Des fois que Faure Eyadéma, conforté  par Georges W Bush Jr, le fils, qui résida deux fois plus longtemps que son papa á la Maison Blanche, décide de reléguer les 30 et quelques années de présidence de son père, en doublant la mise !!!

LAISSONS LA PLAGE AUX ROMANTIQUES et LA PRESIDENCE AU PEUPLE

Quant ce ne sont pas des bizarreries constitutionnelles qui pérennisent la fonction présidentielle, l´Afrique souffre de la non connaissance de son Animisme. D´oú les vielles et fausses Croisades entre mondes chrétien et musulman.
Il y a quelques années Restore Hope -des USA dans cette Corne de l´Afrique  qui fut si fatale á Arthur Rimbaud- fut un échec. C´était en 1993. Le brave peuple yankee, confiant en la force de frappe de Bush père, demanda rapidement á Bill Clinton de cesser les dégâts. Des « rebelles », ayant abattu un avion de combat américain, traînèrent le cadavre du pilote –qui s´était éjecté- partout en ville, devant les caméras…

                                                   Wangari MAATHAI, prix Nobel de la Paix

  

Depuis l´attentat sur l´ambassade des USA, Nairobi, août 1998, á la récente attaque de l'université de Garissa, mars 2015, le Kenya prend cher dans les attentats intégristes.
Adieu Neiges du Kilimandjaro ! Adieu « Mokambo » ! Adieu « Out of Africa » ! Adieu sublimes plages de Mombassa ! Bye bye Révolte des Mau-Mau ! Place aux Shebba ! Le Kenya ne sera plus seulement connu pour ses coureurs de fond. Comme pour la Tunisie, l´image de marque du tourisme en prend pour son grade.

Mais le Kenya, c´est aussi un Prix Nobel de la Paix, la Première Africaine á être ainsi honorée, Wangari Maathai, en 2004, et décédée en septembre 2011

Et un Nobélisable : l´écrivain Ngugi wa Thiong´o, favori des parieurs en ligne, vu et su son engagement. Une Canadienne lui sera préférée, en 2013 : Alice Munro, 82. Ngugi faisait-il trop jeune, avec ses 75 ans alors ?
 Notons juste qu´il ne s´agit que d´Africains communément appelés anglophones. Et les Francophones alors ?



                                                          Ngugi wa THIONG´O



 
INTROSPECTION 

Grâce ou á cause, selon les salons, de sa politique africaine cristallisée dans son fameux discours de Dakar, Jo Dalton accéléra la perte des parts de marchés français en Afrique même francophone.
Qu´á cela ne tienne ! Vive le mamadouisme politique, via la clause de conditionnalité de l´aide internationale publique –des PaysTrésDéveloppés aux Pays-enVoie-deDéveloppement- au respect de la Démocratie et des Droits de l´Homme ! Tout cela est le fruit des intelligences au service des Anglo-Américain. Comme pour la dévaluation du Franc CFA vis-á-vis du FrancFrançais, et l´Organisation pour l´Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique.
Ce qui peut laisser perplexe mais sans complexe.

Pour preuve, ce sommet CEMAC (Cameroun, Centafrique, Congo Brazza, Gabon, Guinée Équatoriale et Tchad)-CEDEAO (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d´Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo ; 25ème puissance économique mondiale, cf FMI 2012, avec un PIB PPA de 564,86 Mrds $) contre la Sale Secte lá, reporté. Le problème ne réside pas en ce report. Mais, pourquoi le Nigéria qui est  situé, géographiquement,  entre la CEDEAO et la CEMAC, serait-il plus dans l´une de ses organisations régionales que dans l´autre ?



Somaliland Cap-Vert République arabe sahraouie démocratique Soudan du Sud Liberia Guinée Sierra Leone Ghana Nigeria Gambie Côte d'Ivoire Bénin Guinée-Bissau Sénégal Togo Burkina Faso Niger Maroc Tunisie Libye Mauritanie Algérie Égypte Somalie Comores Érythrée Soudan Djibouti Éthiopie Ouganda Rwanda Burundi République démocratique du Congo Kenya Sao Tomé et Principe Tchad Cameroun République centrafricaine Congo Gabon Guinée Équatorial Angola Mozambique Namibie Afrique du Sud Botswana Swaziland Zimbabwe Maurice Zambie Malawi Seychelles Madagascar Tanzanie Lesotho Communauté des États sahélo-sahariens Union du Maghreb arabe Marché commun de l'Afrique orientale et australe Communauté d'Afrique de l'Est Communauté économique des Pays des Grands Lacs Communauté de développement d'Afrique australe Union douanière d'Afrique australe Communauté économique des États de l'Afrique centrale Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale Union économique et monétaire ouest-africaine Autorité de Liptako-Gourma Mali Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest Autorité intergouvernementale pour le développement Union africaine Union du fleuve Mano Zone monétaire ouest-africaine


                                
Diagramme d'Euler  montrant les relations entre divers accords internationaux et organisations multinationales en Afrique.


Que ce soit pour fait d´épidémie, famines, guerres civiles génocidaires, les efforts convenus font souvent l´effet d´un coup de machette dans l´eau, tant la division pour mieux régner est de rigueur, en Afrique, par la multiplication des organisations internationales dites régionales, s´imbriquant les unes aux autres. D´oú de permanents problème de souveraineté et d´efficacité.


Avant, pour rattraper le temps perdu dans la course au développement, en tapant dans les caisses, á cause des missionnaires-marchands-militaires des civilités humanitaires, les mamadousites néocoloniaux inventèrent des projets pharaoniques aux sommes astronomiques, maintenant encore plus durablement á terre nos pays. Au lieu de légalement et justement contester et renier les baux emphytéotiques hypothétiques conclu avec d´obscurs bailleurs locaux, baltringues baillant aux corneilles du développement.
A trop bailler, ils se décrochèrent la mâchoire. D´oú la conditionnalité….
Ce n´est pas ainsi que la pirogue de la démocratie et les pagayes du Développement relèverons le défi africain ! Just keep on trying !


NEWS de NLLE-CALÉDONIE

Pour finir, un peu de peinture. Caroline Degroiselle expose á la Maison de Nlle-Calédonie.  www.mncparis.fr  

Comme son nom l´indique, elle serait plus Caldoche que Kanak. Juste pour dire qu´on ne connaît pas grand-chose de ces lointaines îles du Pacifique, aussi éloignées de nous, que nous le sommes loin d´elles, á tire-d´aile.

Je n´ai pu m´empêcher de penser á ces tableaux de peintres français, en Afrique, de la fin de la 2èmme GM aux Indépendances africaines, oubliées dans les caves du Musée des Arts Africains et Océaniens (avec pour conservateur Henri Marchal), déclassé en Musée de l´Immigration.

A l´encontre de ce que l´Art Nègre apporta au Cubisme