lundi 4 août 2014

ENLÈVEMENTS SANS SÉRAIL NI SOMMATION


N°22

ENLÈVEMENTS SANS SÉRAIL NI SOMMATION

by Henri KALA-LOBÈ 

 

Alors que la Bande de Gaza connaît une montée en violence incroyable, mais vraie, sans pour autant être assuré de voir le bout du tunnel dans cet interminable et insoutenable conflit territorial palestino-israélien, le Nigéria-surtout- et le Cameroun sont en proie á l´emprise d´une insaisissable cellule terroriste d´un genre nouveau. “A meu trembleu ! A meu panikeu !“.


Nigéria-Cameroun, deux grands pays de football, plusieurs fois vainqueurs et finalistes de la CAN, dont les défenses –nationales et sécurités publiques- sont devenues des passoires, tant un mystérieux adversaire les perfore si aisément ! Le Lion n´est plus le roi de la jungle, l´Aigle le roi des airs ! “O shame ô“ !


Le plus drôle –enfin-, c´est que ces deux nations de culture nègre, qui ont plus de 1200km de frontières en commun, de l’océan Atlantique au lac Tchad, viennent de régler un différend frontalier, á la Cour Internationale de Justice (CIJ), se retrouvent de nouveau réunis sur les scènes du terrorisme urbain. L’affaire de la presqu’île de Bakassy (une histoire de pétrole, beaucoup de pétrole, où toute une famille princière se fit zigouiller, sana autre formalité), occupée par les Nigérians, après un long statu quo militaire, restera camerounaise, au nom du sacro saint principe, en Droit International Public, de l´intangibilité des frontières, fussent-elles coloniales.

 UN LOURD PASSÉ, UN LOURD PASSIF


Il est vrai que par le passé (depuis avant la1èreGM), des hordes de bandits de la Nigéria (comme on disait alors) venaient commettre leurs forfaits et méfaits, au Cameroun, le plus souvent par voie maritime. A telle enseigne que la ville côtière de Limbé, avait été prise en hold-up-braquage-otage, il y a quelques années, en plein midi, par une de ces hordes armées des pieds á la tête, qui dévalisa tranquillement toutes les banques du centre ville, sans rencontrer la moindre opposition, ni la moindre résistance. Après ensuite, il est vrai que le –seul- pont sur le Wouri, á Douala, fut bloqué toute une nuit jusqu´á l´aube, afin de piller tout le quartier de Bonabéri et ses banques, cela fut le fait de bandits Camerounais voulant profiter du préjugé anti-nigérian.

                         NIGERIA et BIAFRA

 
Il est vrai aussi que le Nigéria a connu, par le passé toujours, des mouvements sécessionnistes. Du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970, c´est la guerre du Biafra, région d´origine des Ibo, et la sécession du colonel Ojukwu. Le blocus terrestre et maritime du Biafra par l´armée régulière gouvernementale, du général putchiste Yakubu Gowon provoquera une effroyable famine, qui fera entre un et deux millions de morts, des civils surtout. Et beaucoup d´enfant. Médecins Sans Frontières sera créé, en 1971, suite á cette famine génocidaire. L´enjeu du Biafra ? Le pétrole, dont la région regorge abondamment.

             MARWA et le MAITATSINE

Au milieu des 70´, ce sera au tour de la secte du prédicateur-prêtre camerounais, Marwa, parti de Maroua, Cameroun, pour s´installer á Kano, au Nigéria, où la secte – qui prône le Maitatsine- prendra son essor et aura une dimension telle, qu´en 1980 que Marwa –qui avait défié le Pape Jean Paul II, tant ses pouvoirs mystiques étaient immenses- sera abattu par la police, lors d´affrontements armés. C´est là qu´il faut rechercher les origines de ce groupe terroriste dont le nom signifie : “l´éducation occidentale est péché“





Les exactions de cette cellule terroriste se chiffrent á plus de 10 000 morts, sur ces cinq dernières années !!! Et l´emploi de femmes, des gamines, est de plus en plus fréquent en des attentats suicides spectaculaires, comme les quatre derniers, en une semaine, sur le campus de Kano, la deuxième ville du Nigéria. 


219 des lycéennes enlevées á Chibok, sont toujours portées disparues, et sont menacées d´être vendues comme esclaves par leurs ravisseurs. Ce n´est pas chez elles qu´on risquera de trouver quelque velléité du syndrome de Stockholm. Sans oublier les morts du Nord Cameroun, á Hile-Halifa, et á Kolofata oú le sultan (lamido) a été enlevé, ainsi que l´épouse d´un des caciques du régime camerounais, Amadou Ali.




 
Certes les  présidents du Nigéria et du Cameroun, Goodluck Jonathan et Paul Biya, auront l´occasion de traiter ce dossier des plus brûlants, avec le président américain Barak Obama, lors du 1er sommet USA-Afrique, qui se tient depuis dimanche 3 Août, á Washington. Déjà reçu á l´Elysée, par le président François Hollande, avec d´autres présidents africains (Tchad et autres), quelle ne fut la surprise des téléspectateurs qui suivaient ce direct depuis l´Élysée de voir ledit direct s´arrêter á la seule allocution du président français, sur les chaînes françaises. La suite ? Sur les chaînes africaines du bouquet numérique…

     OÙ EST PASSÉ LE BON SAMARITAIN ?

Il est vrai qu´il y a de tout, au Nigéria ! Des présidents (un seul), qui partent avec l´équivalent de la recette annuelle du pétrole, le Nigéria est membre de l´OPEP. Ce président sera placardé par Fela Kutti, dans le fameux “Head of state´s coffin“. Au président qui déménage la capitale, de Lagos á Abuja, estimant que sa sécurité était en pointillé millimétré, á Lagos, Shéhu Shagari. 


Il est vrai aussi que le Nigéria a son prix Nobel de Littérature, en la personne de Wole Soyinka. Que l´antique royaume d´Ifé généralisa l´usage de la technique de la cire perdue. Que le Nigéria actuel, première puissance économique africaine, avec des milliardaires en dollars classés par Forbes, ce colosse aux pieds d´argile, produit aussi de l´uranium enrichi. Mais là, rien ne va plus ! En deux temps trois mouvements, ce groupe dangereusement armé, dit de “l´éducation occidentale est péché“, a sérieusement semé la pagaille, en dévoilant au grand jour les carences et lacunes du sous-développement en matière non plus de répression des populations locales, mais de leurs sécurité et protection.


Comment fait-on pour enlever plus de 300 jeunes filles, dans leur internat, au nord du Nigéria ? C´est quand même visible non ? Comment fait-on pour enlever un lamido (sultan), au Nord Cameroun ? C´est comme si on vous disait qu´on avait enlevé l´archi bishop de Westminster Abbey…Alors que le Grand Nord (ou Extrême Nord), du Cameroun, désertique, et plat “comme ce plat pays qui est le mien“, bien connu pour ses embouteillages, une voiture roulant en cinq jours, á telle enseigne que les gars jouent même au damier sur ladite route… Sont-ce là, ma ronce, l´œuvre de quelques magiciens-hypnotiseurs ?
 Alors qu´on nous abreuve de films et de séries où l´on retrouve par satellite, la plaque minéralogique d´une voiture, en plein embouteillage sur le pont de Brooklyn. Où l´on contrôle, depuis le satellite, le reboisement de la forêt équatoriale, pour tenter d´enrayer la désertification ! Et j´en passe. En l´espèce, on fait chou blanc ! Et on nous parle de drones, plus que furtifs, qui vont partout et voient tout ! Et même les méthodes traditionnelles, dites de magie noire par d´aucuns et de parapsychologie par d´autres, n´y peuvent rien.


Quels sont donc ces serpents qui sifflent sur nos têtes ainsi ? Á qui profitent ces enlèvements, ces morts ? Qui finance ce groupe terroriste, qui a des moyens, de la logistique, mais pas d´idéologie, si ce n´est la terreur ? Qui sont ces gens qui profitent des carences et lacunes du sous développement, pour faire autant de mal á l’Afrique et la font autant saigner dans sa chair ?